NOTES
Jam in mortem centurioni ferrum destringenti protendens uterum "ventrem feri" exclamavit multisque vulneribus confecta est. - « Tendant son ventre vers le centurion qui tirait son glaive pour la tuer, elle s'écria "Frappe ici!" et fut atteinte de nombreux coups. » (Tacite, Annales, XIV, 8.) L'épisode était célèbre.
Celui de Catherine Sforce aussi: « Les conjurés frustrés de leurs espérances, la menacèrent de leur côté de tuer ses enfans, qu'elle leur avoit laissés en otage. Mais elle leur répondit hardiment, en levant ses jupes, qu'il lui restoit encore de quoi en faire d'autres. » (Dictionnaire de Chaudon et Delandine, article SFORCE, Catherine.)
Le troisième exemple d'héroïsme du ventre – noter qu'ils sont tous féminins – est une chose vue pendant les journées de Juin 48 et notée par Hugo:
« La garde nationale, plus irritée qu'intimidée, se rua sur la barricade au pas de course. En ce moment, une femme parut sur la crête de la barricade, une femme jeune, belle, échevelée, terrible. Cette femme, qui était une fille publique, releva sa robe jusqu'à la ceinture et cria aux gardes nationaux, dans cette affreuse langue de lupanar qu'on est toujours forcé de traduire: — Lâches, tirez, si vous l'osez, sur le ventre d'une femme. Ici la chose devient effroyable. La garde nationale n'hésita pas. Un feu de peloton renversa la misérable. Elle tomba en poussant un grand cri. Il y eut un silence d'horreur dans la barricade et parmi les assaillants. Tout à coup une seconde femme apparut. Celle-ci était plus jeune et plus belle encore; c'était presque une enfant, dix-sept ans à peine. Quelle profonde misère! C'était encore une fille publique. Elle leva sa robe, montra son ventre, et cria: — Tirez, brigands! — On tira. Elle tomba trouée de balles sur le corps de la première.
Ce fut ainsi que cette guerre commença. » (Choses vues, Le Temps présent III, 1848 -Juin, OC édition citée, vol. « Histoire », p. 1052.)